lundi 9 janvier 2012
Reflections Of Internal Rain (interview)
Merci à Aleks (batterie) d'avoir répondu aux questions, à Aubin pour la traduction et à Justine pour la correction des plus grosses fautes.
– Une petite présentation du groupe pour ceux qui ne vous connaîtrez pas ?
R.O.I.R est un groupe de hardcore punk de Novi Sad, Serbie. On a commencé à jouer en 2004 et nous continuons depuis (difficilement).
– Quelles sont vos influences musicales ? Qu’écoutez-vous en général dans le van ?
Au début, nous étions influencé par Tragedy, His Hero Is Gone, From Ashes Rise, Ictus, Ekkaia... des groupes de ce style. Mais avec le temps, on développe notre propre style, qui est un mix de toute sorte et différents genres. Depuis, nous écoutons tous différents styles de musique, chacun de nous contribue au son de R.O.I.R. Et quand nous sommes en tournée, on écoute absolument de tout ! Du punk-rock au hardcore, en passant par le métal (malheureusement), et aussi de la dance des années 90. Il faut savoir s'amuser quand on est dans le van !
– Vous avez sorti un nouvel E.P (« Answers ») en mai dernier. Comment s’est passé l’enregistrement et sa sortie ?
Et bien, tout comme l'album “Last Flood”, on a enregistré “Answers” dans notre salle de répète à Novi Sad, ça a pris deux jours. C'est à peu près le temps qu'il faut à ROIR pour enregistrer 7 chansons. Notre pote Filip a enregistré et produit l'EP étant donné son très bon boulot sur l'album “Last Flood”. On apprécie vraiment sa manière de travailler. De plus, c'est un ami, donc on se sent vraiment à l'aise avec lui dans la salle. On a enregistré la musique ensemble (guitares, basse et batterie), puis les voix séparément. C'est comme ça que l'on peut vraiment capter l'énergie qu'on dégage en live, ce que l'on ne serait pas capable si on enregistrait tout séparément. Il n'y a pas eu de « lancement » de l'EP, on a juste fini l'enregistrement, Filip l'a mixé, on a gravé 120 CD nous-même, mis chacun d'eux dans un pochette DIY spéciale pour la tournée et nous sommes partis avec pour le tour de juin 2011.
– Y a t-il eu une évolution par rapport aux précédentes sorties ? Pourriez-vous nous dire pourquoi nous parlons de vous en France qu’aujourd'hui alors que vous êtes probablement l'un des meilleurs groupe dans votre style en Europe ?
Waouh, merci beaucoup ! C'est vraiment dingue d'entendre ça quand on regarde comment et quand nous avons commencé. Et pour être honnête, on n’est pas un groupe si ancien, plein de groupes plus anciens que nous sur la scène ne tournent pas tant que ça. On essaye vraiment de jouer le plus possible. Oui, on est très content du son de l'EP, il a la même énergie que l'album, mais on ne sent pas la progression dans la musique. J'aime ça. J'imagine que vous parlez de nous parce qu'on est passé en France.
Cette année, pour la première fois, l'argent envoyé à nos bons amis en France pour nous promouvoir a enfin payé ! (smiley) mais sérieusement, on essaye de jouer uniquement de la musique en laquelle nous croyons vraiment, et j'imagine que les gens sont réceptifs à ça, on veut vraiment voir jusque où on peut aller avec ça.
– De quoi parlent vos paroles ?
Les paroles parlent de la vie de tous les jours.
– Vous existez depuis 2004, mais commencez seulement à tourner en Europe. Comment expliquez-vous cela ? Je suppose que ce n’est pas facile quand on vient de Serbie ?
Bien sûr, mais le problème n'est pas la Serbie, mais les gens. Je suppose que les gens se foute ou ne crois pas assez à la musique pour vraiment faire quelque chose avec. On ne pense pas comme ça. On est parti pour notre première tournée sous un régime de visas, on a donc menti aux autorités pour les avoir. Et pourquoi en 2009? Je ne sais pas, je pense qu'on est juste devenu fatigué de jouer des concerts en Serbie, avec peu de gens aux concerts, de perdre de l'argent pour rien, de voir les mêmes personnes aux concerts encore et encore, de ne pas avoir ce que nous espérions pour le groupe … Donc on a décidé de partir plus loin.
– Peux-tu nous parler de « la scène » serbe ?
La Serbie est, en gros, divisée entre la scène de Novi Sad, celle de Belgrade, et tout le reste autour. Actuellement, la scène à Novi Sad est vraiment importante et devient de plus en plus sérieuse après chaque concert. C'est habituel de voir 100 à 150 personnes aux concerts hardcore-punk un soir où les gens travaillent. Il y a beaucoup de concerts, on en organise aussi, il y a un très bon zine papier en anglais appelé Rebuild à Novi sad, les créateurs du zine ont créé “Rebuild collective” pour organiser des concerts, aider les groupes en tournée et tout ça. Beaucoup de nouveaux jeunes viennent aux concerts, on pose des flys dans les écoles, facultés, etc. Des gars plus anciens, comme Zgro (il était chanteur dans un vieux groupe hardcore de Novi Sad appelé Nospeedlimit 1991-1996), nous aident aussi, et c'est très cool de voir ça. On fait juste du mieux que l'on peut pour amener de nouvelles personnes dans la scène et les intéresser autant que nous le sommes. A Belgrade, ce n'est pas le cas. Du moins c’est ce que je pense. Pas tant de monde que ça aux concerts, ça devient de plus en plus dur de booker un concert à Belgrade. De moins en moins de monde est prêt à filer un coup de main. Et j'imagine que les plus anciens qui organisaient les concerts en on eut marre de perdre de l'argent et les plus jeunes n'ont pas une réelle motivation.
– Que vous a apporté la dissolution de la Yougoslavie et l'indépendance du Monténégro ? Et en ce qui concerne le Kosovo ?
Je ne parle qu'en mon nom quand je dis ça, je laisse la politique aux politiciens. C'est juste des gens qui vont bosser et essayent de garder leurs positions le plus longtemps possible dans le but de gagner le plus d'argent possible pour eux-mêmes. Donc, je ne crois pas en la politique. C'est leur boulot. Dans le monde de la propagande tout puissant : “si tu es assez débile pour voter, tu es assez débile pour croire en eux”. Personnellement, cela ne m'intéresse pas, les changements se feront, que tu les aimes ou pas. Peut-être pas aujourd'hui, peut-être pas demain, tu ne peux pas les aimer, mais au final, les changements se feront s'ils pensent que c'est dans leurs intérêts. Et quand tu vis en Serbie, où la politique fait partie de la vie de tous les jours et de chaque citoyen, à un moment, tu te dis juste laisse tomber, je veux juste vivre une vie normale, je n'en peux plus et je suis fatigué de la politique. Jamais rien ne change à part des têtes en costards. Les gens ici ont des choses bien plus importantes à penser que la politique, comme comment survivre jours après jours, faire manger et envoyer leurs enfants à l'école. La politique est juste un théâtre pour nous garder dans la confusion et pour argumenter pendant que les politiciens se remplissent les poches.
– Peux-tu nous expliquer la situation politique et sociale actuelle du pays ?
De plus en plus de gens n'ont pas de boulot, pas d'argent, pas de plan social. Ils travaillent pour 70 euros par mois et s'ils ne veulent pas travailler, ils sont virés et un autre arrive et fait leur boulot pour 60 euros.
– Vous avez fait un petit passage par la France, qu’en avez-vous pensé ?
Et bien, j'ai rencontré Richard de Nine Eleven il y a quelques années quand ils jouaient pour la première fois en Serbie et, plus tard, je les ai booké à Novi Sad. J'ai alors été présenté à d'autres personnes qui me disaient qu'ils pouvaient nous aider, et que beaucoup de monde écoutaient ROIR en France, on a donc fait une tournée.
– Meilleurs et pires souvenirs ? Anecdotes à raconter ?
A Paris, on a payé 40 euros d'amende chacun pour avoir pris un bus sans tickets. Et c'était le troisième jour de la tournée (sur 19). C'est le meilleur et le pire qu'il nous soit arrivé jusqu'à maintenant.
– Que faites-vous en dehors du groupe ?
Je suis illustrateur/designer de livres pour enfants et je book des concerts pour les groupes que j'aime, mais je pense qu'on peut dire que ROIR est un de mes job, étant donné qu'il n'y a pas un seul jour où je ne suis pas sur internet à contacter des gens. Ivan est tatoueur et peintre, Dusko est un peintre et designer, Petar travaille dans un cabinet d'avocats et Nikola est programmateur à Novi Sad.
– As-tu d’autres groupes des Balkans à nous conseiller ?
Nos très bons potes Ground Zero et Through These Eyes de Novi Sad, Nothing Left de Belgrade ...
– Vous projetez de faire une tournée aux U.S.A. Comment ça se présente ?
Jusque-là, ça sonne juste comme un plan. On va avoir besoin de visas pour aller aux States, c'est le plus gros problème. De plus, on est de Serbie, ce qui n'aide pas … Des rumeurs disent que les visas pour les USA vont être abolis prochainement, donc, on attend que ça. Mais ça devrait arriver. On a joué avec Beau Navire à Budapest en juin, et on a discuté avec les gars et nous ont dit qu'ils pourraient nous aider, on verra ...
– Avez-vous d'autres projets à part R.O.I.R. ? Comment envisagez-vous l'avenir pour le groupe ?
Ivan joue de la batterie dans un groupe de pop punk “Fast as we go far”. J'aime à croire que l’on jouera toujours dans ROIR à 50ans... C'est une grosse partie de nos vies, la plupart des meilleurs moments de ma vie sont avec le groupe, donc on ne va pas laisser partir ça si facilement.
- Un dernier mot ?
On se revoit bientôt en France encore ! Merci beaucoup pour l’intérêt envers notre groupe.
Merci d’avoir répondu aux questions, à bientôt donc !
Leur site internet: http://reflectionsofinternalrain.tumblr.com/
Leur blog: http://reflectionsofinternalrain.blogspot.com/
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